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AVERTISSEMENT.

LETTRE

DE M. DE LA LINDELLE »

A M. DE VOLTAIRE.

Vous avez eu la politesse de dédier votre tragédie de Mèrope à M. Maffei, et vous avez rendu service aux gens de lettres d’Italie et de France en remarquant, avec la grande connaissance que vous avez du théâtre, la différence qui se trouve établie entre les bienséances de la scène française et celles de la scène italienne.

Le goût que vous avez pour TItalie, et les ménagements que vous avez eus pour M. Maffei, ne vous- ont pas permis de remarquer les défauts véritables de cet auteur ; mais moi, qui n’ai en vue que la vérité et le progrès des arts, je ne craindrai point de dire ce que pense le public éclairé, et ce que vous ne pouvez vous empêcher de penser vous-même.

L’abbé Desfontaines avait déjà relevé quelques fautes palpables de la Mèrope de M. Maffei * ; mais, à son ordinaire, avec plus de grossièreté que de justesse, il avait mêlé les bonnes critiques avec les mauvaises. Ce satirique décrié n’avait ni assez de connaissance de la langue italienne, ni assez de goût, pour porter un jugement sain et exempt d’erreur.

Voici ce que pensent les littérateurs les plus judicieux que j’ai consultés en France et delà les monts. La Mèrope leur paraît sans contredit le sujet le plus touchant et le plus vraiment tragique qui

i. Cette Lettre de M, de La Ltndelle^ personnage imaginaire, et ]a Réponse qui la suit, ont été imprimées pour la première fois en 1748, à la page 481 du tome V dos Œuvres de Voltaire, Dresde, 1748-54, dix volumes in-8°. (B.)

2. Dans les Observations sur les écrits modernes, IV, 289, Desfontaines renvoie aussi à ce qu*il en a dit dans sa Lettre d’un comédien français, 1728, et au Nouvelliste du Parnasse, où Ton ne parle de Mèrope que pour renvoyer à la Lettre d^un comédien, (B.)