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Page 141, vers 10. — Édition de 1742 :

Remets-toi dans mes mains ;Tremble, si ta balances ;
Suis-moi.


Scène IX.

PHANOR, ZOPIRE, SÉIDE.
PHANOR.

Suis-moiSeigneur, lisez ce billet important
Qu’un Arabe en secret m’a donné dans l’instant.


ZOPIRE., il lit.

Hercide ! qu’ai-je lu ? Dieux, votre providence
Voudrait-elle adoucir soixante ans de souffrance ?

(Après avoir regardé Séide.)

Suis-moi.

SÉIDE.

Suis-moi.Quoi, Mahomet…

ZOPIRE.

Suis-moi. Quoi, Mahomet…Viens, ton sort en dépend.

Ce changement n’est, au reste, qu’une transposition. (B.)

Page 142, premier vers. — Édition de 1742 :

Séide… cet écrit, ton aspect, ton absence,
À mes sens déchirés font trop de violence.
Hercide devant moi cherche à se présenter.
Ah ! les cœurs malheureux osent-ils se flatter ?
Hercide est ce guerrier dont la main meurtrière
Me ravit mes enfants, et fit périr leur mère.
Mes enfants sont vivants, et sans doute aujourd’hui
Mon sort et leurs destins s’éclairciront par lui.
Mahomet les retient, dit-il, sous sa puissance,
Et Palmire et Séide ignorent leur naissance !
Je m’abuse peut-être, et noyé dans les pleurs,
J’embrasse aveuglément de flatteuses erreurs ;
Je m’arrête, je doute, et ma douleur craintive
Prête à la voix du sang une oreille attentive.

PHANOR.

Espérez, mais craignez. Songez combien d’enfants
Mahomet chaque jour arrache à leurs parents :
Il en a fait les siens, ils n’ont pas d’autre père ;
Et tous, en l’écoutant, ont pris son caractère.

ZOPIRE.

N’importe ; amène Hercide au milieu de la nuit ;
Qu’il soit sous cette voûte en secret introduit.
Au pied de cet autel, où les pleurs de ton maître
Ont fatigué des dieux qui s’apaisent peut-être.
Un moment peut finir un siècle de malheurs ;
Hâte un moment si doux, va, cours, vole, ou je meurs.