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Quoi que la voix du ciel ordonne de Séide,
Affermissez ses pas où son devoir le guide :
Qu’il garde ses serments ; qu’il soit digne de vous.

Palmire.

N’en doutez point, mon père, il les remplira tous :
Je réponds de son cœur, ainsi que de moi-même.
Séide vous adore encor plus qu’il ne m’aime ;
Il voit en vous son roi, son père, son appui :
J’en atteste à vos pieds l’amour que j’ai pour lui.
Je cours à vous servir encourager son âme.


Scène IV.

Mahomet.

Quoi ! je suis malgré moi confident de sa flamme !
Quoi ! sa naïveté, confondant ma fureur,
Enfonce innocemment le poignard dans mon cœur !
Père, enfants, destinés au malheur de ma vie,
Race toujours funeste et toujours ennemie,
Vous allez éprouver, dans cet horrible jour,
Ce que peut à la fois ma haine et mon amour.


Scène V.

MAHOMET, OMAR.
Omar.

Enfin voici le temps et de ravir Palmire,
Et d’envahir la Mecque, et de punir Zopire :
Sa mort seule à tes pieds mettra nos citoyens ;
Tout est désespéré si tu ne le préviens.
Le seul Séide ici te peut servir, sans doute ;
Il voit souvent Zopire, il lui parle, il l’écoute.
Tu vois cette retraite, et cet obscur détour
Qui peut de ton palais conduire à son séjour ;
Là, cette nuit, Zopire à ses dieux fantastiques
Offre un encens frivole et des vœux chimériques.
Là, Séide, enivré du zèle de ta loi,
Va l’immoler au dieu qui lui parle par toi.