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Mon bras perça le fils, ma voix bannit le père ;
Ma haine est inflexible, ainsi que sa colère ;
Pour rentrer dans la Mecque, il doit m’exterminer,
Et le juste aux méchants ne doit point pardonner.

Omar.

Eh bien ! Pour te montrer que Mahomet pardonne,
Pour te faire embrasser l’exemple qu’il te donne,
Partage avec lui-même, et donne à tes tribus
Les dépouilles des rois que nous avons vaincus.
Mets un prix à la paix, mets un prix à Palmire ;
Nos trésors sont à toi.

Zopire.

Nos trésors sont à toi.Tu penses me séduire,
Me vendre ici ma honte, et marchander la paix
Par ses trésors honteux, le prix de ses forfaits ?
Tu veux que sous ses lois Palmire se remette ?
Elle a trop de vertus pour être sa sujette ;
Et je veux l’arracher aux tyrans imposteurs,
Qui renversent les lois et corrompent les mœurs.

Omar.

Tu me parles toujours comme un juge implacable,
Qui sur son tribunal intimide un coupable.
Pense et parle en ministre ; agis, traite avec moi
Comme avec l’envoyé d’un grand homme et d’un roi.

Zopire.

Qui l’a fait roi ? Qui l’a couronné ?

Omar.

Qui l’a fait roi ? Qui l’a couronné ?La victoire.
Ménage sa puissance, et respecte sa gloire.
Aux noms de conquérant et de triomphateur,
Il veut joindre le nom de pacificateur,
Son armée est encore aux bords du Saïbare ;
Des murs où je suis né le siége se prépare ;
Sauvons, si tu m’en crois, le sang qui va couler :
Mahomet veut ici te voir et te parler.

Zopire.

Lui ? Mahomet ?

Omar.

Lui ? Mahomet ?Lui-même ; il t’en conjure.

Zopire.

Lui ? Mahomet ? Lui-même ; il t’en conjure.Traître !
Si de ces lieux sacrés j’étais l’unique maître,