mille sequins un diamant de la valeur de cent mille, et qui lui jura par Abraham qu’il n’en pouvait donner davantage. Il paya incontinent la rançon du baron et de Pangloss. Celui-ci se jeta aux pieds de son libérateur, et les baigna de larmes ; l’autre le remercia par un signe de tête, et lui promit de lui rendre cet argent à la première occasion. Mais est-il bien possible que ma sœur soit en Turquie ? disait-il. Rien n’est si possible, reprit Cacambo, puisqu’elle écure la vaisselle chez un prince de Transylvanie. On fit aussitôt venir deux Juifs ; Candide vendit encore des diamants ; et ils repartirent tous dans une autre galère pour aller délivrer Cunégonde.
Ce qui arriva à Candide, à Cunégonde, à Pangloss, à Martin, etc.
Pardon, encore une fois, dit Candide au baron ; pardon, mon
révérend père, de vous avoir donné un grand coup d’épée au
travers du corps. N’en parlons plus, dit le baron ; je fus un peu
trop vif, je l’avoue ; mais puisque vous voulez savoir par quel
hasard vous m’avez vu aux galères, je vous dirai qu’après avoir
été guéri de ma blessure par le frère apothicaire du collège, je
fus attaqué et enlevé par un parti espagnol ; on me mit en prison
à Buénos-Ayres dans le temps que ma sœur venait d’en partir. Je
demandai à retourner à Rome auprès du père général. Je fus nommé
pour aller servir d’aumônier à Constantinople auprès de