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sauvages, aux nations reculées ; je leur dirai : " enfans de la nature ! Jusques à quand marcherez-vous dans les sentiers de l’ignorance ? jusques à quand méconnaîtrez-vous les vrais principes de la morale et de la religion ? Venez-en chercher les leçons chez des peuples pieux et savans, dans des pays civilisés ; ils vous apprendront comment, pour plaire à Dieu, il faut, en certain mois de l’année, languir de soif et de faim tout le jour ; comment on peut verser le sang de son prochain, et s’en purifier en faisant une profession de foi et une ablution méthodique ; comment on peut lui dérober son bien, et s’en absoudre en le partageant avec certains hommes qui se vouent à le dévorer ". " pouvoir souverain et caché de l’univers ! Moteur mystérieux de la nature ! Ame universelle des êtres ! toi que, sous tant de noms divers, les mortels ignorent et révèrent ; être incompréhensible, infini ; Dieu qui, dans l’immensité des cieux, diriges la marche des mondes, et peuples les abymes


de l’espace de millions de soleils entassés : dis, que paraissent à tes yeux ces insectes humains que déjà ma vue perd sur la terre ! Quand tu t’occupes à guider les astres dans leurs orbites, que sont pour toi les vermisseaux qui s’agitent sur la poussière ? Qu’importe à ton immensité leurs distinctions de partis, de sectes ? Et que te font les subtilités dont se tourmente leur folie " ? " et vous, hommes crédules, montrez-moi l’efficacité