étant resserrés, il était difficile de diviser les citoyens pour les opprimer les uns par les autres : ils se communiquaient trop aisément, et leurs intérêts étaient trop clairs et trop simples. D’ailleurs, tout homme étant propriétaire et cultivateur, nul n’avait besoin de se vendre, et le despote n’eût point trouvé de mercenaires. Si donc il s’élevait des dissentions, c’était de familles à familles, de faction à faction, et les intérêts étaient toujours communs à un grand nombre ; les troubles en étaient sans doute plus vifs ; mais la crainte des étrangers appaisait les discordes : si l’oppression d’un parti s’établissait, la terre étant ouverte, et les hommes, encore simples, rencontrant par tout les mêmes avantages, le parti accablé émigrait, et portait ailleurs son indépendance. Les anciens états jouissaient donc en eux-mêmes de moyens nombreux de prospérité et de puissance : de ce que chaque homme trouvait son bien-être dans la constitution de son pays, il prenait un vif intérêt à sa conservation ; si un étranger l’attaquait, ayant à défendre son champ, sa maison, il portait aux combats la passion d’une cause personnelle, et le dévouement pour soi-même occasionnait le dévouement pour la patrie. De ce que toute action utile au public attirait son estime et sa reconnaissance, chacun s’empressait d’être utile, et l’amour-propre multipliait les talens et les ve
Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/72
Cette page n’a pas encore été corrigée