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bientôt l’abondance ; l’abondance, la population : les arts se développèrent, les cultures s’étendirent, et la terre, couverte de nombreux habitans, se partagea en divers domaines. Alors que les rapports des hommes se furent compliqués, l’ordre intérieur des sociétés devint plus difficile à maintenir. Le tems et l’industrie ayant fait naître les richesses, la cupidité devint plus active ; et parce que l’égalité, facile entre les individus, ne put subsister entre les familles, l’équilibre naturel fut rompu : il fallut y suppléer par un équilibre factice ; il fallut préposer des chefs, établir des lois, et, dans l’inexpérience primitive, il dut arriver qu’occasionnées par la cupidité, elles en prirent le caractère ; mais diverses circonstances concoururent à tempérer le désordre, et à faire aux gouvernemens une nécessité d’être justes. En effet, les états, d’abord faibles, ayant à redouter des ennemis extérieurs, il devint important aux chefs de ne pas opprimer les sujets : en diminuant l’intérêt des citoyens à leur gouvernement, ils eussent diminué leurs moyens de résistance ; ils eussent facilité les invasions étrangères, et, pour des jouissances superflues, compromis leur propre existence. à l’intérieur, le caractère des peuples repoussait la tyrannie. Les hommes avaient contracté de trop longues habitudes d’indépendance ; ils avaient trop peu de besoins, et un sentiment trop présent de leurs propres forces. Les états