gêné l’essor de l’homme vers son bonheur ? Son coeur privé de ses vrais mobiles a langui dans l’inaction, et l’accablement des individus a fait la faiblesse publique. Or, comme l’amour de soi, impétueux et imprévoyant, porte sans cesse l’homme contre son semblable, et tend par conséquent à dissoudre la société, l’art des lois et la vertu de leurs agens ont été de tempérer le conflit des cupidités, de maintenir l’équilibre entre les forces, d’assurer à chacun son bien-être, afin que, dans le choc de société à société, tous les membres portassent un même intérêt à la conservation et à la défense de la chose publique. La splendeur et la prospérité des empires ont donc eu à l’intérieur, pour cause efficace, l’équité des gouvernemens et des lois ; et leur puissance respective a eu à l’extérieur, pour mesure, le nombre des intéressés, et le degré d’intérêt à la chose publique. D’autre part, la multiplication des hommes, en compliquant leurs rapports, ayant rendu la démarcation de leurs droits difficile ; le jeu perpétuel des passions ayant suscité des incidens non prévus ; les conventions ayant été vicieuses, insuffisantes ou nulles ; enfin, les auteurs des lois en ayant tantôt méconnu et tantôt dissimulé le but ; et leurs ministres, au lieu de contenir la cupidité d’autrui, s’étant livrés à la leur propre ; toutes ces causes ont jeté dans les sociétés le trouble et le désordre ; et le vice des lois et l’
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