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vie. Ainsi, l’amour de soi, le desir du bien-être, l’aversion de la douleur, ont été les lois essentielles et primordiales imposées à l’homme par la nature même ; les lois que la puissance ordonnatrice quelconque a établies pour le gouverner ; et qui, semblables à celles du mouvement dans le monde physique, sont devenues le principe simple et fécond de tout ce qui s’est passé dans le monde moral. Telle est donc la condition de l’homme : d’un côté, soumis à l’action des élémens qui l’environnent, il est assujéti à plusieurs maux inévitables ; et si dans cet arrêt la nature s’est montrée sévère, d’autre part juste, et même indulgente, elle a non-seulement tempéré ces maux par des biens semblables, elle a encore donné à l’homme le pouvoir d’augmenter les uns et d’alléger les autres ; elle a semblé lui dire : " foible ouvrage de mes mains, je ne te dois rien, et je te donne la vie ; le monde où je te place ne fut pas fait pour toi, et cependant je t’en accorde l’usage ; tu le trouveras mêlé de biens et de maux : c’est à toi de les distinguer ; c’est à toi de guider tes pas dans des sentiers de fleurs et d’épines. Sois l’arbitre de ton sort ; je te remets ta destinée ". -oui, l’homme est devenu l’artisan de sa destinée ; lui-même a créé tour à tour les revers ou les succès de sa fortune ; et si, à la vue de tant de douleurs dont il a tourmenté sa vie, il a lieu de gémir de sa faiblesse ou de son imprudence, en considérant de quels principes il est parti, et à