Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ainsi parla le fantôme. Interdit de ce discours, et le cœur agité de diverses pensées, je demeurai long-tems en silence. Enfin, m’enhardissant à prendre la parole, je lui dis : " ô génie des tombeaux et des ruines ! Ta présence et ta sévérité ont jeté mes sens dans le trouble ; mais la justesse de ton discours rend la confiance à mon ame. Pardonne à mon ignorance. Hélas ! Si l’homme est aveugle, ce qui fait son tourment fera-t-il encore son crime ? J’ai pu méconnaître la voix de la raison ; mais je ne l’ai point rejetée après l’avoir connue. Ah ! Si tu lis dans mon cœur, tu sais combien il desire la vérité ; tu sais qu’il la recherche avec passion… et n’est-ce pas à sa poursuite que tu me vois en ces lieux écartés ? Hélas ! J’ai parcouru la terre, j’ai visité les campagnes et les villes ; et voyant par tout la misère et la désolation, le sentiment des maux qui tourmentent mes semblables a profondément affligé mon ame ". Je me suis dit en soupirant : l’homme n’est-il donc créé que pour l’angoisse et pour la douleur ? Et j’ai appliqué mon esprit à la méditation de nos maux, pour en découvrir les remèdes. J’ai dit : " je