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j’entrais dans les villes, et j’étudiais les mœurs de leurs habitans ; je pénétrais dans les palais, et j’observais la conduite de ceux qui gouvernent ; je m’écartais dans les campagnes, et j’examinais la condition des hommes qui cultivent ; et par tout ne voyant que brigandage et dévastation, que tyrannie et que misère, mon cœur était oppressé de tristesse et d’indignation. Chaque jour je trouvais sur ma route des champs abandonnés, des villages désertés, des villes en ruines. Souvent je rencontrais d’antiques monumens, des débris de temples, de palais et de forteresses ; des colonnes, des aqueducs, des tombeaux : et ce spectacle tourna mon esprit vers la méditation des tems passés, et suscita dans mon cœur des pensées graves et profondes. Et j’arrivai à la ville de Hems, sur les bords de l’Orontes ; et là, me trouvant rapproché de celle de Palmyre, située dans le désert, je résolus de connaître par moi-même ses monumens si vantés ; et, après trois jours de marche dans des solitudes arides, ayant traversé une vallée remplie de grottes et de sépulcres, tout à coup, au sortir de cette vallée, j’aperçus dans la plaine la scène de ruines la plus étonnante : c’était une multitude innombrable de superbes colonnes debout, qui, telles que les avenues de nos parcs, s’étendaient à perte de vue, en files symétriques. Parmi ces colonnes étaient de grands édifices, les uns entiers, les autres à demi-écroulés. De toutes parts, la terre