Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

mains les balances sacrées où se pèsent les actions des mortels aux portes de l’éternité. ô tombeaux ! Que vous possédez de vertus ! Vous épouvantez les tyrans ; vous empoisonnez d’une terreur secrète leurs jouissances impies ; ils fuient votre incorruptible aspect, et les lâches portent loin de vous l’orgueil de leurs palais. Vous punissez l’oppresseur puissant ; vous ravissez l’or au concussionnaire avare, et vous vengez le faible qu’il a dépouillé ; vous compensez les privations du pauvre, en flétrissant de soucis le faste du riche ; vous consolez le malheureux, en lui offrant un dernier asyle ; enfin, vous donnez à l’ame ce juste équilibre de force et de sensibilité, qui constitue la sagesse, la science de la vie. En considérant qu’il faut tout vous restituer, l’homme réfléchi néglige de se charger de vaines grandeurs, d’inutiles richesses : il retient son cœur dans les bornes de l’équité ; et cependant, puisqu’il faut qu’il fournisse sa carrière, il emploie les instans de son existence, et use des biens qui lui sont accordés. Ainsi, vous jetez un frein salutaire sur l’élan impétueux