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e l’esclavage ; qui vous fait ravager l’Inde, dont vous usurpez les domaines ; enfin, si c’est elle qui depuis trois siècles vous fait troubler dans leurs foyers les peuples des trois continens dont les plus prudens, tels que le chinois et le japonais, ont été contraints de vous chasser pour éviter vos fers et recouvrer la paix intérieure. Et à l’instant les brames, les rabins, les bonzes, les chamans, les prêtres des isles Moluques et des côtes de la Guinée accablant les docteurs chrétiens de reproches : oui ! S’écrièrent-ils,


ces hommes sont des brigands, des hypocrites, qui prêchent la simplicité pour surprendre la confiance ; l’humilité, pour asservir plus facilement ; la pauvreté, pour s’approprier toutes les richesses ; ils promettent un autre monde, pour mieux envahir celui-ci ; et tandis qu’ils vous parlent de tolérance et de charité, ils brûlent au nom de Dieu les hommes qui ne l’adorent pas comme eux. Prêtres menteurs, répondirent des missionnaires, c’est vous qui abusez de la crédulité des nations ignorantes pour les subjuguer ; c’est vous qui de votre ministère faites un art d’imposture et de fourberie : vous avez converti la religion en un négoce d’avarice et de cupidité. Vous feignez d’être en communication avec des esprits ; et ils ne rendent pour oracles que vos volontés : vous prétendez lire dans les astres ; et le destin ne décrète que vos desirs : vous faites parler les idoles ; et les dieux ne sont que les instrumens de vos passions :