s n’avait pour aliment, dans la retraite des temples, que l’énigme toujours présente de l’univers ; et que dans la division politique, qui long-tems partagea cette contrée, chaque état eut son collège de prêtres, lesquels, tour-à-tour auxiliaires ou rivaux, hâtèrent par leurs disputes le progrès des sciences et des découvertes.
Et déjà il était arrivé sur les bords du Nil
ce qui depuis s’est répété par toute la terre. à
mesure que chaque système s’était formé, il
avait suscité dans sa nouveauté des querelles et
des schismes : puis, accrédité par la persécution
même, tantôt il avait détruit les idées
antérieures, tantôt il se les était incorporées
en les modifiant ; et les révolutions politiques
étant survenues, l’agrégation des états et le
mélange des peuples confondirent toutes les
opinions ; et le fil des idées s’étant perdu, la
théologie tomba dans le chaos, et ne fut plus qu’un
logogriphe de vieilles traditions, qui ne furent
plus comprises. La religion, égarée d’objet,
ne fut plus qu’un moyen politique de conduire
un vulgaire crédule, dont s’emparèrent tantôt
des hommes crédules eux-mêmes et dupes de leurs
propres visions, et tantôt des hommes hardis, et
d’une ame énergique, qui se proposèrent de grands
objets d’ambition