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son esprit et de ses passions les grands agens de la nature ; il crut par de vains sons, par de vaines pratiques, changer leurs lois inflexibles : erreur funeste ! Il pria la pierre de monter, l’eau de s’élever, les montagnes de se transporter, et substituant un monde fantastique au monde véritable, il se constitua des êtres d’opinion, pour l’épouvantail de son esprit et le tourment de sa race. Ainsi les idées de Dieu et de religion, à l’égal de toutes les autres, ont pris leur origine dans les objets physiques, et ont été dans l’entendement de l’homme le produit de ses sensations, de ses besoins, des circonstances de sa vie et de l’état progressif de ses connaissances. Or, de ce que les idées de la divinité eurent pour premiers modèles les êtres physiques, il résulta que la divinité fut d’abord variée et multiple, comme les formes sous lesquelles elle parut agir : chaque être fut une puissance, un génie ; et l’univers pour les premiers hommes fut rempli de dieux innombrables.


Et de ce que les idées de la divinité eurent pour moteurs les affections du coeur humain, elles subirent un ordre de division calqué sur ses sensations de douleur et de plaisir, d’amour ou de haine ; les puissances de la nature, les dieux, les génies furent partagés en bienfaisans ou en malfaisans, en bons et mauvais ; et de là l’universalité de ces deux caractères dans tous les systèmes de religion. Dans le principe, ces idées