Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

r un coup d’ œil réfléchi sur les systèmes sacrés de l’origine du monde, l’action des dieux, pour découvrir à chaque idée, à chaque mot, l’anticipation d’un ordre de choses qui ne naquit que long-tems après ; et la raison, forte de ces contradictions, rejetant tout ce qui


ne trouve pas sa preuve dans l’ordre naturel, et n’admettant pour bon système historique que celui qui s’accorde avec les vraisemblances, la raison établit le sien, et dit avec assurance : avant qu’une nation eût reçu d’une autre nation des dogmes déjà inventés ; avant qu’une génération eût hérité des idées acquises d’une nation antérieure, nul de tous les systèmes composés n’existait encore dans le monde. Enfans de la nature, les premiers humains, antérieurs à tout événement, novices à toute connaissance, naquirent sans aucune idée ni de dogmes issus de disputes scholastiques, ni de rites fondés sur des usages et des arts à naître, ni de préceptes qui supposent un développement de passions, ni de codes qui supposent un langage, un état social encore au néant ; ni de divinité, dont tous les attributs se rapportent à des choses physiques, et toutes les actions à un état despotique de gouvernement ; ni enfin d’ame, et de tous ces êtres métaphysiques que l’on dit ne point tomber sous les sens, et à qui cependant, par toute autre voie, l’accès à l’entendement demeure impossible. Pour arriver à tant de résultats, il fallut parcourir un cercle nécessaire de faits préalables ; il fallut que