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ntradiction de tous les penchans, sur la ruine de toutes les passions, ne prouve-t-il pas son origine céleste ? Combien sa morale douce, compatissante, et ses affections toutes spirituelles n’attestent-elles pas son émanation de la divinité ? Il est vrai que plusieurs de ses dogmes s’élèvent au-dessus de l’entendement, et imposent à la raison un respectueux silence ; mais par-là même sa révélation n’est que mieux constatée, puisque jamais les hommes n’eussent imaginé de si grands mystères. Et tenant d’une main la bible, et de l’autre les quatre évangiles, le docteur commença de raconter que, dans l’origine, Dieu (après avoir passé une éternit sans rien faire) prit enfin le dessein, sans motif connu, de produire le monde de rien ; qu’ayant créé l’univers entier en six jours, il se trouva fatigué le septième ; qu’ayant placé un premier couple d’humains dans un lieu de délices, pour les y rendre parfaitement heureux, il leur défendit néanmoins de goûter d’un fruit qu’il leur laissa sous la main ; que ces premiers parens ayant cédé à la tentation, toute leur race (qui n’était pas née) avait été condamnée à porter la peine d’une faute qu’elle n’avait pas commise ; qu’après avoir laissé le genre humain


se damner pendant quatre ou cinq mille ans, ce dieu de miséricorde avait ordonné à un fils bien-aimé, qu’il avait engendré sans mère, et qui était aussi âgé que lui, d’aller se faire mettre à mort sur terre : et cela, afin de sauver les hommes, dont cependant depuis ce tems-là le très-grand nombre