dirait-on pas entendre un chapitre des mille et une nuits ? Et un samoyede s’avançant dans l’arêne : le paradis de Mahomet, dit-il, me paraît fort bon ; mais un des moyens de le gagner m’embarrasse :
car s’il ne faut ni boire ni manger entre deux
soleils, ainsi qu’il l’ordonne, comment
pratiquer un tel jeûne dans notre pays où le
soleil reste sur l’horison six mois entiers sans
se coucher ?
Cela est impossible, dirent les docteurs
musulmans pour soutenir l’honneur du prophète ;
mais cent peuples ayant attesté le fait,
l’infaillibilité de Mahomet ne laissa pas que de
recevoir une forte atteinte.
Il est singulier, dit un européen, que Dieu ait
sans cesse révélé tout ce qui se passait dans le
ciel, sans jamais nous instruire de ce qui se
passe sur la terre !
Pour moi, dit un américain, je trouve une
grande difficulté au pélerinage. Car supposons
vingt-cinq ans par génération, et cent millions
de mâles sur le globe : chacun étant obligé d’aller
à la Mekke une fois dans sa vie, ce sera par an
quatre millions d’hommes en route ; on ne pourra
pas revenir dans la même année : et le nombre
devient double, c’est-à-dire de huit millions : où
trouver les vivres, la place, l’eau, les vaisseaux
pour cette procession universelle ? Il faudrait
bien là des miracles !
La preuve, dit un théologien catholique,