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faisait reverdir d’un seul mot les arbres, remplissait d’eau les puits, les citernes, et avait fendu en deux le disque de la lune : comment, chargé des ordres du ciel, Mahomet avait propagé, le sabre à la main, la religion la plus digne de Dieu par sa sublimité, et la plus propre aux hommes par la simplicité de ses pratiques, puisqu’elle ne consistait qu’en huit ou dix points : professer l’unité de Dieu ; reconnaître Mahomet pour son seul prophète ; prier cinq fois par jour ; jeûner un mois par an ; aller à la Mekke une fois dans sa vie ; donner la dîme de ses biens ; ne point boire de vin, ne point manger de porc, et faire la guerre aux infidèles ;


qu’à ce moyen, tout musulman, devenant lui-même apôtre et martyr, jouissait dès ce monde, d’une foule de biens ; et qu’à sa mort, son ame pesée dans labalance des œuvres, et absoute par les deux anges noirs, traversait par dessus l’enfer le pont étroit comme un cheveu et tranchant comme un sabre, et qu’enfin elle était reçue dans un lieu de délices, arrosé de fleuves de lait et de miel, embaumé de tous les parfums indiens et arabes, et où des vierges toujours chastes, les célestes houris, comblaient de faveurs toujours renaissantes les élus toujours rajeunis. à ces mots, un rire involontaire se traça sur tous les visages ; et les divers groupes raisonnant sur ces articles de croyance, dirent unanimement : comment se peut-il que des hommes raisonnables admettent de telles rêveries ? Ne