Page:Volney - Les Ruines, 1826.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

discernement ? Et quelle est cette doctrine lumineuse, qui craint la lumière ? Quel est cet apôtre d’un dieu clément, qui ne prêche que meurtre et carnage ? Quel est ce dieu de justice, qui punit un aveuglement que lui-même cause ? Si la violence et la persécution sont les argumens de la vérité, la douceur et la charité seront-elles les indices du mensonge ? Alors, un homme s’avançan d’un groupe voisin vers l’imâm, lui dit : " admettons que Mahomet soit l’apôtre de la meilleure doctrine, le prophète de la vraie religion ! Veuillez du moins nous dire qui nous devons suivre pour la pratiquer : sera-ce son gendre Ali, ou ses vicaires Omar et Aboubekre " ? à peine eut-il prononcé ces noms, qu’au sein même des musulmans éclata un schisme terrible : les partisans d’Omar et d’Ali se traitant


mutuellement d’hérétiques, d’impies, de sacriléges, s’accablèrent de malédictions. La querelle même devint si violent, qu’il fallut que les groupes voisins s’interposassent pour les empêcher d’en venir aux mains. Enfin, le calme s’étant un peu rétabli, le législateur dit aux imâms : " voyez quelles conséquences résultent de vos principes ! Si les hommes les mettaient en pratique, vous-mêmes, d’opposition en opposition, vous vous détruiriez