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t écrit. Soit, reprit le législateur ; mais s’ils sont en contradiction, qui les conciliera ? Justes arbitres, s’écria un des étendards ! La preuve que nos témoins ont vu la vérité, c’est qu’ils sont morts pour la témoigner ; et notre croyance est scellée du sang des martyrs. Et la nôtre aussi, dirent les autres étendards : nous avons des milliers de martyrs, qui sont morts dans des tourmens affreux, sans jamais se démentir. Et alors les chrétiens de toutes les sectes, les musulmans, les indiens, les japonois citèrent des légendes sans fin de confesseurs, de martyrs, de pénitens, etc. Et l’un de ces partis ayant nié les martyrs des autres : eh bien ! Dirent-ils, nous allons


mourir pour prouver que notre croyance est vraie. Et dans l’instant une foule d’hommes de toute religion, de toute secte, se présentèrent pour souffrir des tourmens et la mort. Plusieurs même commencèrent de se déchirer les bras, de se frapper la tête et la poitrine, sans témoigner de douleur. Mais le législateur les arrêtant : ô hommes, leur dit-il ! écoutez de sang froid mes paroles : si vous mouriez pour prouver que deux et deux font quatre, cela les ferait-il davantage être quatre ? Non, répondirent-ils tous. - et si vous mouriez pour prouver qu’ils font cinq, cela les ferait-il être cinq ? Non, dirent-ils tous encore. - eh bien ! Que prouve donc votre persuasion, si elle ne change rien à l’existence des choses ? La