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de tortue, etc, sont les étendards des sectes indiennes, qui trouvent leurs dieux dans les animaux, et les ames de leurs parens dans les reptiles et les insectes. Ces hommes fondent des hospices pour des éperviers, des serpens, des rats ; et ils ont en horreur leurs semblables ! Ils se purifient avec la fiente et l’urine de la vache ; et ils se croient souillés du contact d’un homme ! Ils portent un rézeau sur la bouche, de peur d’avaler, dans une mouche, une ame en souffrance ; et ils laissent mourir de faim un paria ! Ils


admettent les mêmes divinités ; et ils se partagent en drapeaux ennemis et divers ! Ce premier, isolé à l’écart, où tu vois une figure à quatre têtes, est celui de Brama, qui, quoique Dieu créateur, n’a plus ni sectateurs ni temples, et qui, réduit à servir de piédestal au Lingam, se contente d’un peu d’eau que chaque matin le brame lui jette par dessus l’épaule, en lui récitant un cantique stérile. Ce second, où est peint un milan au corps roux et à la tête blanche, est celui de Vichenou, qui, quoique Dieu conservateur, a passé une partie de sa vie en aventures mal-faisantes. Considère-le sous les formes hideuses de sanglier et de lion, déchirant des entrailles humaines, ou sous la figure d’un cheval devant venir, le


sabre à la main, détruire l’âge présent, obscurcir les astres, abattre les étoiles, ébranler la terre, et faire vomir au grand serpent un feu qui consumera les globes.