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colliers de corail, de coquilles et de verres ; là, les races septentrionales enveloppées dans leurs sacs de peau ; le lapon, au bonnet pointu, aux souliers de raquette ; le samoyede, au corps brûlant, à l’odeur forte ; le tongouze, au bonnet cornu, portant ses idoles pendues sur son sein ; le yakoute, au visage piqueté ; le calmouque, au nez aplati, aux petits yeux renversés. Plus loin étaient le chinois, au vêtement de soie, aux tresses pendantes ; le japonais, au sang mélangé ; le malais, aux grandes oreilles, au nez percé d’un anneau, au vaste chapeau de feuilles de palmier, et les habitans tatoués des îles de l’océan et du continent antipode. Et l’aspect de tant de variétés d’une même espèce, de tant d’inventions bizarres d’un même entendement, de tant de modifications différentes d’une même organisation, m’affecta à la fois de mille sensations et de mille pensées.


Je considérais avec étonnement cette gradation de couleurs, qui, de l’incarnat le plus vif passe au brun clair, puis foncé, fumeux, bronzé, olivâtre, plombé, cuivré, enfin jusqu’au noir de l’ébène et du jai ; et trouvant le kachemirien, au teint de roses, à côté de l’indou hâlé, le georgien à côté du tartare, je réfléchissais sur les effets du climat chaud ou froid, du sol élevé ou profond, marécageux ou sec, découvert ou ombragé ; je comparais l’homme nain du pôle, au géant des zones tempérées ; le corps grêle de


l’arabe, à l’ample corps du hollandais ; la taille épaisse et courte du samoyede, à la taille svelte du grec et de l’esclavon ;