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« Classe privilégiée ! expliquez-nous ce mot légitime. S’il signifie conforme, intime a la loi, dites-nous qui a fait la loi ? La loi peut-elle vouloir autre chose que le salut de la multitude ? »

Alors les privilégiés militaires dirent : « La multitude ne sait obéir qu’à la force, il faut la châtier. Soldats, frappez ce peuple rebelle !

LE PEUPLE.

« Soldats ! vous êtes notre sang ! frapperez-vous vos parens, vos frères ? Si le peuple périt, qui nourrira l’armée ? »

Et les soldats, baissant les armes, dirent : « Nous sommes aussi le peuple, montrez-nous l’ennemi ! »

Alors les privilégiés ecclesiastiques dirent : « Il n’y a plus qu’une ressource : le peuple est superstitieux : il faut l’effrayer par les noms de Dieu et de la religion.

« Nos chers frères ! nos enfans ! Dieu nous a établis pour vous gouverner.

LE PEUPLE.

« Montrez-nous vos pouvoirs celestes.

LES PRETRES. « Il faut de la foi : la raison égare.

LE PEUPLE. « Gouvernez-vous sans raisonner ?

LES PRETRES. « Dieu veut la paix : la religion prescrit l’obéissance.