les riches, que la mesure des jouissances est bornée par la constitution des organes, et que l’ennui suit la satiété ; le pauvre, que c’est dans l’emploi du tems et la paix du cœur que consiste le plus haut degré du bonheur de l’homme. Et l’opinion publique atteignant les rois jusque sur leurs trônes, les forcera de se contenir
dans les bornes d’une autorité régulière.
Le hasard même, servant les nations, leur donnera,
tantôt des chefs incapables qui, par faiblesse,
les laisseront devenir libres ; tantôt des
chefs éclairés qui, par vertu, les affranchiront.
Et alors qu’il existera sur la terre de grands
individus, des corps de nations éclairées et
libres, il arrivera à l’espèce ce qui arrive à ses
élémens. La communication des lumières d’une portion
s’étendra de proche en proche, et gagnera le tout.
Par la loi de l’imitation, l’exemple d’un premier
peuple sera suivi par les autres ; ils adopteront
son esprit, ses lois. Les despotes mêmes, voyant
qu’ils ne peuvent plus maintenir leur pouvoir sans
la justice et la bienfaisance, adouciront leur
régime par besoin, par rivalité ; et la civilisation
deviendra générale.
Et il s’établira de peuple à peuple un équilibre
de forces qui, les contenant tous dans le
respect de leurs droits réciproques, fera cesser
leurs barbares usages de guerre, et soumettra à
des voies civiles le jugement de leurs
contestations ; et l’espèce entière deviendra une
grande société, une