! Tantôt les pachas se font la guerre, et, pour leurs querelles personnelles, les provinces d’un état identique sont dévastées. Tantôt, redoutant leurs maîtres, ils tendent à l’indépendance, et attirent sur leurs sujets les châtimens de leur révolte. Tantôt, redoutant ces sujets, ils appellent et soudoient des étrangers, et, pour se les affider, ils leur permettent tout brigandage. En un lieu, ils intentent un procès à un homme riche, et le dépouillent sur un faux prétexte ; en un autre, ils apostent de faux témoins, et imposent une contribution pour un délit imaginaire : par tout, ils excitent les haines des sectes, provoquent leurs délations pour en retirer des avanies ; extorquent les biens, frappent les personnes ; et quand leur avarice imprudente a entassé en un monceau toutes les richesses d’un pays, le gouvernement par une perfidie exécrable, feignant de venger le peuple opprimé, attire à lui sa dépouille dans celle du coupable, et verse inutilement le sang pour un crime dont il est complice.
ô scélérats ! Monarques ou ministres, qui vous jouez
de la vie et des biens des peuples ! Est-ce vous
qui avez donné le souffle à l’homme, pour le lui
ôter ? Est-ce vous qui faites naître les produits de
la terre, pour les dissiper ? Fatiguez-vous à
sillonner le champ ? Endurez-vous l’ardeur du
soleil et le tourment de la soif, à couper la
moisson, à battre la gerbe ? Veillez-vous à la rosée
nocturne comme le pasteur ? Traversez-vous les
déserts comme le marchand ? Ah ! En voyant la