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CHAPITRE V.

succès de sa fortune ; et si, à la vue de tant de douleurs dont il a tourmenté sa vie, il a eu lieu de gémir de sa faiblesse ou de son imprudence, en considérant de quels principes il est parti et à quelle hauteur il a su s’élever, peut-être a-t-il plus droit encore de présumer de sa force et de s’enorgueillir de son génie.


CHAPITRE VI.



État originel de l’homme.

Dans l’origine, l’homme formé nu de corps et d’esprit, se trouva jeté au hasard sur la terre confuse et sauvage : orphelin délaissé de la puissance inconnue qui l’avait produit, il ne vit point à ses côtés des êtres descendus des cieux pour l’avertir de besoins qu’il ne doit qu’à ses sens, pour l’instruire de devoirs qui naissent uniquement de ses besoins. Semblable aux autres animaux, sans expérience du passé, sans prévoyance de l’avenir, il erra au sein des forêts, guidé seulement et gouverné par les affections de sa nature ; par la douleur de la faim, il fut conduit aux aliments, et il pourvut à sa subsistance ; par les intempéries de l’air, il désira de couvrir son corps, et il se fit des vêtemens ; par l’attrait d’un plaisir