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CHAPITRE V.

action sa peine et sa récompense. Que l’homme connaisse ces lois ! qu’il comprenne la nature des êtres qui l’environnent, et sa propre nature, et il connaîtra les moteurs de sa destinée ; il saura quelles sont les causes de ses maux et quels peuvent en être les remèdes.

Quand la puissance secrète qui anime l’univers forma le globe que l’homme habite, elle imprima aux êtres qui le composent des propriétés essentielles qui devinrent la règle de leurs mouvements individuels, le lien de leurs rapports réciproques, la cause de l’harmonie de l’ensemble ; par là, elle établit un ordre régulier de causes et d’effets, de principes et de conséquences, lequel, sous une apparence de hasard, gouverne l’univers et maintient l’équilibre du monde : ainsi, elle attribua au feu le mouvement de l’activité ; à l’air, l’élasticité ; la pesanteur et la densité à la matière ; elle fit l’air plus léger que l’eau, le métal plus lourd que la terre, le bois moins tenace que l’acier ; elle ordonna à la flamme de monter, à la pierre de descendre, à la plante de végéter ; à l’homme, voulant l’exposer au choc de tant d’êtres divers, et cependant préserver sa vie fragile, elle lui donna la faculté de sentir. Par cette faculté, toute action nuisible à son existence lui porta une sensation de mal et de douleur ; et toute action favorable, une sensation de plaisir et de bien-être. Par ces sensations, l’homme, tantôt