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LES RUINES.

continents, ceux-là mêmes de l’hémisphère que tu habites… »

« — Quoi ! m’écriai-je, c’est là cette terre où vivent les mortels !… »

« — Oui, reprit-il, cet espace brumeux qui occupe irrégulièrement une grande portion du disque, et l’enceint presque de tous côtés, c’est là ce que vous appelez le vaste Océan, qui, du pôle du sud s’avançant vers l’équateur, forme d’abord le grand golfe de l’Inde et de l’Afrique, puis se prolonge à l’orient à travers les îles Malaises jusqu’aux confins de la Tartarie, tandis qu’à l’ouest il enveloppe les continents de l’Afrique et de l’Europe jusque dans le nord de l’Asie.

« Sous nos pieds, cette presqu’île de forme carrée est l’aride contrée des Arabes ; à sa gauche ce grand continent, presque aussi nu dans son intérieur, et seulement verdâtre sur ses bords, est le sol brûlé qu’habitent les hommes noirs[1]. Au nord, par delà une mer irrégulière et longuement étroite[2], sont les campagnes de l’Europe, riche en prairies et en champs cultivés : à sa droite, depuis la Caspienne, s’étendent les plaines neigeuses et nues de la Tartarie. En revenant à nous, cet espace blanchâtre est le vaste et triste désert du Cobi, qui sépare la Chine du reste du monde.

  1. L’Afrique.
  2. La Méditerranée.