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CHAPITRE IV.

rai à ta raison cette sagesse que tu réclames ; je te révélerai la sagesse des tombeaux et la science des siècles… » Alors s’approchant de moi et posant sa main sur ma tête : « Élève-toi, mortel, dit-il, et dégage tes sens de la poussière où tu rampes… » Et soudain, pénétré d’un feu céleste, les liens qui nous fixent ici-bas me semblèrent se dissoudre ; et tel qu’une vapeur légère, enlevé par le vol du Génie, je me sentis transporté dans la région supérieure. Là, du plus haut des airs, abaissant mes regards vers la terre, j’aperçus une scène nouvelle. Sous mes pieds, nageant dans l’espace, un globe, semblable à celui de la lune, mais moins gros et moins lumineux, me présentait l’une de ses faces[1] ; et cette face avait l’aspect d’un disque semé de grandes taches, les unes blanchâtres et nébuleuses, les autres brunes, vertes ou grisâtres ; et tandis que je m’efforçais de démêler ce qu’étaient ces taches : « Homme qui cherches la vérité, me dit le Génie, reconnais-tu ce spectacle ? » — « Ô Génie ! répondis-je, si d’autre part je ne voyais le globe de la lune, je prendrais celui-ci pour le sien ; car il a les apparences de cette planète vue au télescope dans l’ombre d’une éclipse : on dirait que ces diverses taches sont des mers et des continents. »

« — Oui, me dit-il, ce sont des mers et des

  1. Voyez la planche II, qui représente une moitié de la terre.