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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

continuel de comparaison, il parvient à dégager les faits des nombreuses fables qui les dénaturaient. Peu d’historiens résistent à cette espèce d’enquête juridique ; c’est dans leur propre arsenal qu’il va chercher des armes pour les combattre, et il le fait d’une manière victorieuse. Il s’attache surtout à résoudre le grand problème assyrien, et le résout à l’honneur d’Hérodote, qui est démontré l’auteur le plus profond et le plus exact des anciens. Cet ouvrage, fruit d’un travail immense et preuve d’une érudition profonde, eût suffi pour la gloire de Volney.

L’étude opiniâtre à laquelle il se livrait sans cesse abrégea ses jours. Sa santé, qui avait toujours été délicate, devint languissante, et bientôt il sentit approcher sa fin ; elle fut digne de sa vie.

« Je connais l’habitude de votre profession, » dit-il à son médecin trois jours avant de mourir ; « mais je ne veux pas que vous traitiez mon imagination comme celle des autres malades. Je ne crains pas la mort ; dites-moi franchement ce que vous pensez de mon état, parce que j’ai des dispositions à faire. » Le docteur paraissant hésiter : « J’en sais assez, » reprit Volney, « faites venir un notaire. »

Il dicta son testament avec le plus grand calme, et n’abandonnant pas à son dernier moment l’idée qui n’avait cessé de l’occuper pendant vingt-cinq ans, et craignant, sans doute, que ses essais ne