Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xlii
NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

Mais ce qui rompit pour toujours toute communication entre eux, ce fut la conduite que tint le philosophe au moment de l’avènement à l’empire. Volney avait concouru au 18 brumaire, dans l’espoir que la France en recueillerait une paix durable et un gouvernement constitutionnel. Le titre pompeux de Sénat Conservateur avait fasciné les yeux de la nation, et Volney, comme tant d’autres, crut y voir un autel sur lequel on alimenterait le feu de la liberté. Il ne vit dans les sénateurs que les mandataires de la nation, chargés de conserver le dépôt sacré des pactes qui établiraient un juste équilibre entre les droits des peuples et ceux des souverains. Il fut aussi flatté que surpris d’être appelé à siéger sur la chaire curule. Il accepta cette dignité, parce qu’il la considérait moins comme une récompense honorifique que comme une charge importante, et dont les devoirs étaient beaux à remplir. Son illusion dura peu. Il ne dissimula pas à quelques amis intimes sa crainte de voir le sénat devenir un instrument d’oppression pour la liberté individuelle comme pour la liberté publique, et dès lors il crut devoir à sa réputation l’obligation d’un grand acte. Au moment même où l’on proclamait l’empire, il envoya au nouvel empereur et au sénat cette démission qui fit tant de bruit en France et en Europe. L’empereur en fut vivement irrité ; mais toujours maître de lui-même quand il n’é-