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DE C.-F. VOLNEY

D’ailleurs, les Français qu’on accueille aujourd’hui en Russie, ne sont pas ceux qui appartiennent à votre opinion. Croyez-moi, renoncez à votre projet ; c’est en France que vos talents trouveront le plus de chances favorables : plus les factions se succèdent rapidement dans un pays, moins une destitution y est durable. — J’ai tout tenté pour être réintégré ; rien ne m’a réussi. — Le gouvernement va prendre une nouvelle forme, et Laréveillère-Lépeaux y aura sans doute de l’influence : c’est mon compatriote, il fut autrefois mon collègue ; j’ai lieu de croire que ma recommandation ne sera pas sans effet auprès de lui. Je vais l’inviter à déjeuner pour demain : trouvez vous-y, nous ne serons que nous trois. »

Le déjeuner eut lieu en effet ; la conversation de Bonaparte frappa Laréveillère, déjà prévenu par Volney. Le député présenta le lendemain le général à son collègue Barras, qui le fit réintégrer.

Une liaison intime ne tarda pas à s’établir entre le vertueux citoyen qui voulait par-dessus tout la liberté de son pays, et l’homme extraordinaire qui devait l’asservir ; mais Volney, toujours modéré dans sa conduite et ses opinions politiques, était loin d’approuver la pétulante activité de Bonaparte.

Vers la fin de 1799, Volney, convaincu que la liberté allait périr sous les coups de l’anarchie, seconda le 18 brumaire de tous ses efforts. Le surlendemain de cette journée, Bonaparte lui en-