Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxvii
DE C.-F. VOLNEY

parle même pas des dangers qu’il a courus. Ce n’est cependant qu’exposé à des périls de toute espèce qu’il a pu voyager dans les pays ravagés de l’Orient et dans les sombres forêts de l’Amérique. Il avait d’autant plus à craindre la cruauté des hommes et les attaques des bêtes féroces, qu’il négligeait de prendre les précautions les plus simples qu’indique la prudence ; aussi n’échappa-t-il plusieurs fois que par miracle. En traversant une des forêts des États-Unis, il s’endormit au pied d’un chêne ; à son réveil, il secoue son manteau, et reste pétrifié à la vue d’un serpent à sonnettes. L’affreux reptile, troublé dans son repos, s’élance et disparaît parmi les arbres ; on n’entendait plus le bruit de ses écailles, avant que Volney, glacé de terreur, eût songé à s’enfuir.

Pendant ce voyage, on avait créé en France ce corps littéraire qui sut, en peu d’années, se placer au premier rang des sociétés savantes de l’Europe. L’illustre voyageur fut appelé à siéger à l’Académie : cet honneur lui avait été décerné pendant son absence ; il y acquit de nouveaux droits en publiant les observations qu’il avait faites aux États-Unis.

Trois années s’étaient écoulées depuis qu’il avait quitté la France, et les orages politiques n’étaient pas apaisés : les factions s’agitaient encore et dominaient tour à tour. Volney ne voulut pas reparaître sur la scène politique, et chercha dans l’é-