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DE C.-F. VOLNEY

projet de les éclairer du flambeau de la saine philosophie. C’était s’imposer la tâche de saper jusque dans sa base le monstrueux édifice des préjugés et des superstitions ; il fallait pulvériser les traditions absurdes, les prophéties mensongères, réfuter toutes les saintes fables, et parler enfin aux hommes le langage de la raison. Il médita longtemps ce sujet important, et publia[1] le fruit de ses réflexions sous le titre de Ruines, ou Méditations sur les révolutions des empires.

Dans ce bel ouvrage[2] « il nous ramène à l’état primitif de l’homme, à sa condition nécessaire dans l’ordre général de l’univers ; il recherche l’origine des sociétés civiles et les causes de leurs formations, remonte jusqu’aux principes de l’élévation des peuples et de leur abaissement, développe les obstacles qui peuvent s’opposer à l’amélioration de l’homme. » En philosophe habile, en profond connaisseur du cœur humain, il ne se borne pas à émettre des préceptes arides ; il sait captiver l’attention et s’attacher à rendre attrayante l’austère vérité ; il anime ses tableaux. Tout-à-coup il dévoile à nos regards une immense carrière, il représente à nos yeux étonnés une assemblée générale de tous les peuples. Toutes les passions, toutes les sectes religieuses sont en

  1. En 1791.
  2. Pastoret, Discours de réception à l’Académie.