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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

Volney qui tenait un discours à la main. — Je ne vous retarderai pas long-temps. — Montrez-moi ce que vous avez à dire… Cela est beau… sublime ; …mais ce n’est pas avec une voix faible, une physionomie calme qu’on tire parti de ces choses-là ; donnez-les-moi ». Mirabeau fondit dans son discours le passage relatif à Charles IX, et en tira un des plus grands effets qu’ait jamais produits l’éloquence.

C’était peu pour le représentant du peuple de se dévouer tout entier aux intérêts de son pays, il sacrifiait encore ses veilles à l’instruction de ses concitoyens.

Amant passionné de la liberté, ennemi déclaré de tout pouvoir absolu, Volney reconnut qu’il n’y avait que la raison qui pût terrasser le despotisme militaire et religieux. Dans le cours de ses longs voyages, il avait toujours vu la tyrannie croître en raison directe de l’ignorance. Il avait parcouru ces brûlantes contrées, asile des premiers chrétiens, et maintenant patrie des enfants de Mahomet. Il avait suivi avec terreur les traces profondes des maux enfantés par un fanatisme aveugle ; il avait vu les peuples d’autant plus ignorants qu’ils étaient plus religieux, d’autant plus esclaves et victimes des préjugés absurdes qu’ils étaient plus attachés à la foi mensongère de leurs aïeux. Il avait vu les hommes plus ou moins plongés dans d’épaisses ténèbres ; il conçut le hardi