chez des hommes qui nous resteront inconnus ? Vrai ou faux, à quoi nous sert de savoir si le monde existe depuis six ou depuis vingt mille ans, s’il s’est fait de rien ou de quelque chose, de lui-même ou par un ouvrier, qui, à son tour, exige un auteur ? Quoi ! nous ne sommes pas assurés de ce qui se passe près de nous, et nous répondrons de ce qui peut se passer dans le soleil, dans la lune ou dans les espaces imaginaires ! Nous avons oublié notre enfance, et nous connaîtrons celle du monde ? Et qui attestera ce que nul n’a vu ? qui certifiera ce que personne ne comprend ?
« Qu’ajoutera d’ailleurs ou que diminuera à notre existence de dire oui ou non sur toutes ces chimères ? Jusqu’ici nos pères et nous n’en avons pas eu la première idée, et nous ne voyons pas que nous en ayons eu plus ou moins de soleil, plus ou moins de subsistance, plus ou moins de mal ou de bien.
« Si la connaissance en est nécessaire, pourquoi avons-nous aussi bien vécu sans elle, que ceux qui s’en inquiètent si fort ? Si elle est superflue, pourquoi en prendrons-nous aujourd’hui le fardeau ? » Et s’adressant aux docteurs et aux, théologiens : « Quoi ! il faudra que nous, hommes ignorants et pauvres, dont tous les moments suffisent à peine aux soins de notre subsistance et aux travaux dont vous profiterez, il faudra que nous apprenions tant d’histoires que vous racontez, que nous lisions