les secours pécuniaires dont elle favorise les ennemis de ma patrie, ne me permettent plus de garder en mes mains le monument de générosité qu’elle y a déposé. Vous sentez que je parle de la médaille d’or qu’au mois de juin 1788 vous m’adressâtes de la part de S. M. Tant que j’ai pu voir dans ce don un témoignage d’estime et d’approbation des principes politiques que j’ai manifestés, je lui ai porté le respect qu’on doit à un noble emploi de la puissance ; mais aujourd’hui que je partage cet or avec des hommes pervers et dénaturés, de quel œil pourrai-je l’envisager ? Comment souffrirai-je que mon nom se trouve inscrit sur le même registre que ceux des déprédateurs de la France ? Sans doute l’impératrice est trompée, sans doute la souveraine qui nous a donné l’exemple de consulter les philosophes pour dresser un code de lois, qui a reconnu pour base de ces lois l’égalité et la liberté, qui a affranchi ses propres serfs, et qui, ne pouvant briser les liens de ceux de ses boyards, les a du moins relâchés ; sans doute Catherine II n’a point entendu épouser la querelle des champions iniques et absurdes de la barbarie superstitieuse et tyrannique des siècles passés ; sans doute, enfin, sa religion séduite n’a besoin que d’un rayon pour s’éclairer ; mais en attendant, un grand scandale de contradiction existe, et les esprits droits et justes ne peuvent consentir à le partager : veuil-
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