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CHAPITRE XXII.

vrier même avait besoin de parents et d’auteurs, et que l’on ne faisait qu’ajouter un échelon en ôtant l’éternité au monde pour la lui donner. Les innovateurs, non contents de ce premier paradoxe, passèrent à un second ; et appliquant à leur ouvrier la théorie de l’entendement humain, ils prétendirent que le démi-ourgos avait fabriqué sa machine sur un plan ou idée résidant en son entendement. Or, comme leurs maîtres, les physiciens, avaient placé dans la sphère des fixes le grand mobile régulateur, sous le nom d’intelligence, de raisonnement, les spiritualistes, leurs mimes, s’emparant de cet être, l’attribuèrent au demi-ourgos, en en faisant une substance distincte, existante par elle-même, qu’ils appelèrent mens ou logos (parole et raisonnement). Et comme d’ailleurs ils admettaient l’existence de l’ame du monde, ou principe solaire, ils se trouvèrent obligés de composer trois grades ou échelons de personnes divines, qui furent 1° le démi-ourgos ou dieu-ouvrier ; 2° le logos, parole et raisonnement ; et 3° l’esprit ou l’ame (du monde). Et voilà, chrétiens ! le roman sur lequel vous avez fondé votre Trinité ; voilà le système qui, né hérétique dans les temples égyptiens, transporté païen dans les écoles de l’Italie et de la Grèce, se trouve aujourd’hui catholique orthodoxe par la conversion de ses partisans, les disciples de Pythagore et de Platon devenus chrétiens.