Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xv
DE C.-F. VOLNEY

terre et admirer les œuvres de Dieu. — Ton pays est-il beau ? — Très-beau. — Mais y a-t-il de l’eau dans ton pays ? — Abondamment ; tu en rencontrerais plusieurs fois dans une journée. — Il y a tant d’eau, et tu le quittes ! »

Lorsqu’ensuite Volney leur parlait de la France, ils l’interrompaient souvent pour témoigner leur surprise de ce qu’il avait quitté un pays où il trouvait tout en abondance, pour venir visiter une contrée aride et brûlante. Notre voyageur eût désiré passer quelques mois parmi ces bons Arabes ; mais il lui était impossible de se contenter comme eux de trois ou quatre dattes et d’une poignée de riz par jour : il avait tellement à souffrir de la faim et de la soif, qu’il se sentait souvent défaillir. Il prit congé de ses hôtes, et reçut à son départ des marques de leur amitié. Le père et le fils le reconduisirent à une grande distance, et ne le quittèrent qu’après l’avoir prié plusieurs fois de venir les revoir.

Allant de ville en ville, de tribu en tribu, demandant franchement une hospitalité qu’on ne lui refusait jamais, Volney parcourut toute l’Égypte et la Syrie. Il salua ces pyramides colossales, ces majestueuses ruines de Palmyre disséminées comme autant de rochers dans ces mers de sables, et comme les seules traces des nations puissantes qui peuplaient jadis ces plaines immenses, aujourd’hui si arides.