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LES RUINES.

restres étaient dans des rapports réguliers et constants avec les êtres célestes ; que la naissance, l’accroissement, le dépérissement de chaque plante étaient liés à l’apparition, à l’exaltation, au déclin d’un même astre, d’un môme groupe d’étoiles ; qu’en un mot la langueur ou l’activité de la végétation semblaient dépendre à d’influences célestes, les hommes en conclurent une idée d’action, de puissance de ces êtres célestes, supérieurs, sur les corps terrestres ; et les autres dispensateurs d’abondance ou de disette, devinrent des puissances, des génies, des dieux auteurs des biens et des maux.

« Or, comme l’état social avait déjà introduit une hiérarchie méthodique de rangs, d’emplois, de conditions, les hommes, continuant de raisonner par comparaison, transportèrent leurs nouvelles notions dans leur théologie ; et il en résulta un système compliqué de divinités graduelles, dans lequel le soleil, dieu premier, fut un chef militaire, un roi politique ; la lune, une reine sa compagne ; les planètes, des serviteurs, des porteurs d’ordre, des messagers ; et la multitude des étoiles, un peuple, une armée de héros, de génies chargés de régir le monde sous les ordres de leurs officiers ; et chaque individu eut des noms, des fonctions, des attributs tirés de ses rapports et de ses influences, enfin même un sexe tiré du genre de son appellation.