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CHAPITRE XXII.

« Oui, vainement les nations reportent leur culte à des inspirations célestes ; vainement leurs dogmes invoquent un premier état de choses surnaturel : la barbarie originelle du genre humain, attestée par ses propres monuments, dément d’abord toutes ces assertions ; mais de plus, un fait subsistant et irrécusable dépose victorieusement contre les faits incertains et douteux du passé. De ce que l’homme n’acquiert et ne reçoit d’idées que par l’intermède de ses sens, il suit avec évidence que toute notion qui s’attribue une autre origine que celle de l’expérience et des sensations, est la supposition erronée d’un raisonnement dressé dans un temps postérieur : or, il suffît de jeter un coup d’œil réfléchi sur les systèmes sacrés de l’origine du monde, l’action des dieux, pour découvrir à chaque idée, à chaque mot, l’anticipation d’un ordre de choses qui ne naquit que long-temps après ; et la raison, forte de ces contradictions, rejetant tout ce qui ne trouve pas sa preuve dans l’ordre naturel, et n’admettant pour bon système historique que celui qui s’accorde avec les vraisemblances, la raison établit le sien, et dit avec assurance :

« Avant qu’une nation eût reçu d’une autre nation des dogmes déjà inventés ; avant qu’une génération eût hérité des idées acquises par une génération antérieure, nul de tous les systèmes composés n’existait encore dans le monde. Enfants