Page:Volney - Œuvres choisies, Lebigre, 1836.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
LES RUINES.

et instituteurs des peuples, dit-il, vous êtes venus en présence pour la recherche de la vérité ; et d’abord chacun de vous croyant la posséder, a exigé une foi implicite ; mais apercevant la contrariété de vos opinions, vous avez conçu qu’il fallait les soumettre à un régulateur commun d’évidence, les rapporter à un terme général de comparaison, et vous êtes convenus d’exposer chacun vos preuves de croyance. Vous avez allégué des faits ; mais chaque religion, chaque secte ayant également ses miracles et ses martyrs, chacune produisant également des témoignages et les soutenant de son dévouement à la mort, la balance, par droit de parité, est restée égale sur ce premier point.

« Vous avez ensuite passé aux preuves de raisonnement ; mais les mêmes arguments s’appliquant également à des thèses contraires ; les mêmes assertions, également gratuites, étant également avancées et repoussées ; l’assentiment de chacun étant dénié par les mêmes droits, rien ne s’est trouvé démontré. Bien plus, la confrontation de vos dogmes a suscité de nouvelles et plus grandes difficultés ; car, à travers les diversités apparentes ou accessoires, leur développement vous a présenté un fond ressemblant, un canevas commun ; et chacun de vous s’en prétendant l’inventeur autographe, le dépositaire premier, vous vous êtes taxés les uns les autres d’être des altérateurs et des plagiaires ; et il naît de là une question épi-