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NOTICE SUR LA VIE ET LES ÉCRITS

fusil sur l’épaule ; tel était l’équipage de Volney. À peine fut-il à quelque distance d’Angers et au moment de le perdre de vue, qu’il s’arrêta malgré lui : ses regards se fixèrent sur la ville, ses yeux ne pouvaient s’en détacher ; il abandonnait ce qu’il avait de plus cher, et peut-être pour toujours. Ses larmes coulaient en abondance, il sentit chanceler son courage ; mais bientôt, rappelant toute son énergie, il se hâta de s’éloigner.

Il arriva bientôt à Marseille, où il s’embarqua sur un navire qui se trouvait prêt à mettre à la voile pour l’Orient.

À peine débarqué en Égypte, Volney se rendit au Caire, où il passa quelques mois à observer les mœurs et les coutumes d’un peuple si nouveau pour lui, mais sans perdre de vue toute l’étendue de la carrière qu’il voulait parcourir.

En méditant cette grande entreprise, l’intrépide voyageur avait non-seulement pour but de s’instruire, mais encore de faire cesser l’ignorance de l’Europe sur des contrées qui en sont si voisines, et cependant aussi inconnues que si elles en étaient séparées par de vastes mers ou d’immenses espaces. Il importait donc qu’il pût tout voir et tout entendre ; il fallait pénétrer dans l’intérieur des divers états, et il lui était impossible de le faire avec sûreté sans parler la langue arabe, aussi commune à tous les peuples de l’Orient qu’elle est inconnue parmi nous. Pour surmonter ce nouvel