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LES RUINES.

Japon, de la Chine, prouva aux chrétiens, par leurs auteurs mêmes, que la doctrine des samanéens était répandue dans tout l’Orient plus de mille ans avant le christianisme ; que leur nom était cité dès avant l’époque d’Alexandre, et que Boutta ou Boudh était mentionné long-temps avant Iêsous. Et rétorquant contre eux leur prétention : « Prouvez-nous maintenant, leur dit-il, que vous-mêmes n’êtes pas des samanéens dégénérés ; que l’homme dont vous faites l’auteur de votre secte n’est pas Fôt lui-même altéré. Démontrez-nous son existence par des monuments historiques à l’époque que vous nous citez ; car, pour nous, fondés sur l’absence de tout témoignage authentique, nous vous la nions formellement ; et nous soutenons que vos Évangiles mêmes ne sont que les livres des mithriaques de Perse et des esséniens de Syrie, qui n’étaient eux-mêmes que des samanéens réformés. »

À ces mots, les chrétiens jetant de grands cris, une nouvelle dispute plus violente allait s’élever lorsqu’un groupe de chamans chinois et de talapoins de Siam, s’avançant en scène, dirent qu’ils allaient mettre d’accord tout le monde ; et l’un d’eux prenant la parole : « Il est temps, dit-il, que nous terminions toutes ces contestations frivoles en levant pour vous le voile de la doctrine intérieure que Fôt lui-même, au lit de la mort, a révélée à ses disciples.