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LES RUINES.

divers : que de toutes les formes, celle qui plaît le plus à l’Être divin est celle de l’homme, comme approchant le plus de ses perfections ; que quand un homme, par un dégagement absolu de ses sens, s’absorbe dans la contemplation de lui-même, il parvient à y découvrir la Divinité, et il la devient en effet ; que parmi les incarnations de cette espèce que Dieu a déjà revêtues, l’une des plus saintes et des plus solennelles fut celle dans laquelle il parut il y a vingt-huit siècles dans le Kachemire, sous le nom de Fôt ou Boudh, pour enseigner la doctrine de l’anéantissement, du renoncement à soi-même. Et traçant l’histoire de Fôt, le lama dit qu’il était né du coté droit d’une vierge de sang royal, qui n’avait pas cessé d’être vierge en devenant mère ; que le roi du pays, inquiet de sa naissance, voulut le faire périr, et qu’il fit massacrer tous les mâles nés à son époque ; que, sauvé par des pâtres, Boudh en mena la vie dans le désert jusqu’à l’âge de trente ans, où il commença sa mission d’éclairer les hommes, et de les délivrer des démons ; qu’il fit une foule de miracles les plus étonnants ; qu’il vécut dans le jeûne et dans les pénitences les plus rudes, et qu’il laissa en mourant un livre à ses disciples, où était contenue sa doctrine ; et le lama commença de lire…

« Celui qui abandonne son père et sa mère pour me suivre, dit Fôt, devient un parfait samanéen (homme céleste).