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LES RUINES.

En aucun lieu vous ne verrez de trace, ni de l’immortalité de l’ame, ni d’une vie ultérieure, ni de l’enfer et du paradis, ni de la révolte de l’ange, principal auteur des maux du genre humain, etc.

« Moïse n’a point connu ces idées, et la raison en est péremptoire, puisque ce ne fut que plus de deux siècles après lui que notre prophète Zerdoust, dit Zoroastre, les évangélisa dans l’Asie… Aussi, ajouta le mébed en s’adressant aux rabbins, n’est-ce que depuis cette époque, c’est-à-dire après le siècle de vos premiers rois, que ces idées apparaissent dans vos écrivains ; et elles ne s’y montrent que par degrés, et d’abord furtivement, selon les relations politiques que vos pères eurent avec nos aïeux ; et ce fut surtout lorsque, vaincus et dispersés par les rois de Ninive et de Babylone, vos pères furent transportés sur les bords du Tigre et de l’Euphrate, et qu’élevés pendant trois générations successives dans notre pays, ils s’imprégnèrent de mœurs et d’opinions jusqu’alors repoussées comme contraires à leur loi. Alors que notre roi Kyrus les eut délivrés de l’esclavage, leurs cœurs se rapprochèrent de nous par la reconnaissance ; ils devinrent nos imitateurs, nos disciples ; les familles les plus distinguées, que les rois de Babylone avaient fait élever dans les sciences chaldéennes, rapportèrent à Jérusalem des idées nouvelles, des dogmes étrangers.

« D’abord la masse du peuple, non émigrée,