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LES RUINES.

Voilà donc cette religion de paix, celte morale humble et bienfaisante que vous nous avez vantée ? Voilà cette charité évangélique qui ne combat l’incrédulité que par la douceur, et n’oppose aux injures que la patience ! Hypocrites ! c’est ainsi que vous trompez les nations ; c’est ainsi que vous avez propagé vos funestes erreurs ! Avez-vous été faibles, vous avez prêché la liberté, la tolérance, la paix : êtes-vous devenus forts, vous avez pratiqué la persécution, la violence

Et ils allaient commencer l’histoire des guerres et des meurtres du christianisme, quand le législateur, réclamant le silence, suspendit ce mouvement de discorde.

« Ce n’est pas nous, répondirent les moines bigarrés, d’un ton de voix toujours humble et doux, ce n’est pas nous que nous voulons venger, c’est la cause de Dieu, c’est sa gloire que nous défendons. »

Et de quel droit, repartirent les imams, vous constituez-vous ses représentants plus que nous ? Avez-vous des privilèges que nous n’ayons pas ? êtes-vous d’autres hommes que nous ?

Défendre Dieu, dit un autre groupe, prétendre le venger, n’est-ce pas insulter sa sagesse, sa puissance ? Ne sait-il pas mieux que les hommes ce qui convient à sa dignité ?

Oui, mais ses voies sont cachées, reprirent les moines.