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LES RUINES.

responsables des fautes de leurs pères ! Quel homme peut répondre des actions d’autrui ! N’est-ce pas renverser toute idée de justice et de raison ?

Et où sont, dirent d’autres, les témoins, les preuves de tous ces prétendus faits allégués ? Peut-on les recevoir ainsi sans aucun examen de preuves ? Pour la moindre action en justice il faut deux témoins ; et l’on nous fera croire tout ceci sur des traditions, des ouï-dire !

Alors un rabbin prenant la parole : « Quant aux faits, dit-il, nous en sommes garants pour le fond : à l’égard de la forme et de l’emploi que l’on en a fait, le cas est différent, et les chrétiens se condamnent ici par leurs propres arguments ; car ils ne peuvent nier que nous ne soyons la source originelle dont ils dérivent, le tronc primitif sur lequel ils se sont entés ; et de là un raisonnement péremptoire : Ou notre loi est de Dieu, et alors la leur est une hérésie, puisqu’elle en diffère ; ou notre loi n’est pas de Dieu, et la leur tombe en même temps. »

Il faut distinguer, répondit le chrétien : votre loi est de Dieu, comme figurée et préparative, mais non pas comme finale et absolue ; vous n’êtes que le simulacre dont nous sommes la réalité.

Nous savons, repartit le rabbin, que telles sont vos prétentions ; mais elles sont absolument gratuites et fausses. Votre système porte tout entier sur des bases de sens mystiques, d’interprétations